Ethique et performance ne sont pas incompatibles. Au contraire nous pensons qu’une approche éthique des entreprises est un gage d’une performance durable. En nous intéressant au comportement des entreprises et à leur emprise sur leur environnement social, sociétal et naturel, nous sélectionnons celles qui sont sur la durée beaucoup plus robustes dans des marchés extrêmement volatiles. Si ces dernières peuvent dans certains cas renoncer à une profitabilité à court terme, elles construisent en général dans le temps des modèles d’activité à la fois pérennes et adaptables aux transformations de l’économie moderne. Notre expérience de plus de trente ans dans l’investissement éthique montre que ce type de gestion est capable de délivrer une solide performance sur une longue période et permet également d’accompagner des sociétés vers un cheminement de plus en plus responsable.
Dans un marché quel qu’il soit, la spéculation est l’activité consistant à tirer profit par anticipation de l’évolution à court, moyen ou long terme du niveau général des prix ou d’un prix particulier en vue d’en retirer une plus-value ou un bénéfice.
Cependant, il existe un profit financier qui ne soit pas le produit d’une spéculation : par exemple, lorsque le cours de Bourse d’une action augmente et que cette augmentation correspond à la valeur réelle de l’entreprise et exprime sa vitalité et sa croissance.
Le fonds Proclero n’a aucune visée spéculative car il n’a pas pour objectif de faire un profit en spéculant sur des cours. Proclero a en revanche pour vocation d’investir sur le long terme dans les entreprises de l’économie réelle pour contribuer à leur développement, en particulier de celles qui valorisent la personne humaine.
Comment ? En assurant ses besoins vitaux, en contribuant à son bien, en améliorant sa qualité de vie et en recherchant son épanouissement. C’est sa finalité.
Pour y parvenir, Proclero se donne deux moyens : le profit et le partage. Les investissements de Proclero doivent générer un profit qui permet de rémunérer les gestionnaires du fonds, rétribuer les souscripteurs qui ont mis leur épargne à la disposition de la vie économique, partager avec la Communauté Saint-Martin pour la formation des séminaristes.
On pourrait penser que la finance étant seulement une technique de gestion et de fructification de l’argent, elle n’a que faire de considérations morales. Elle fonctionne toute seule. Certes, un investisseur pourrait, si ce sont ses valeurs, introduire une dimension éthique dans ses choix financiers, mais ce serait de toute façon optionnel : si l’éthique se portait mal, la finance, elle, continuerait pourtant à se porter bien.
Cette manière de voir, pour séduisante qu’elle soit, est abstraite. Elle oublie que la finance, avant d’être une technique, est une activité humaine : à ce titre, elle est soumise à des critères éthiques. En particulier, la confiance est l’oxygène sans lequel la finance ne peut respirer : mais comment pourrait-il y avoir de la confiance là où un climat éthique n’est pas garanti ? L’éthique n’est donc pas seulement un « plus », mais c’est une condition sine qua non de la bonne marche de la finance. L’oublier conduit à de graves dérives, comme la crise de 2008 l’a tragiquement illustré.
Depuis que les fonds qualifiés d’« éthiques » ont vu le jour en France, dans les années 1980, et surtout depuis que le potentiel vendeur de ce qualificatif d’« éthique » s’est avéré important, la tentation n’a pas toujours été surmontée de faire de l’éthique une sorte de devanture attractive sans véritable correspondant réel. Comme l’écrit le pape Benoît XVI dans son encyclique Caritas in veritate (La charité dans la vérité) de 2009 : « on note un certain abus de l’adjectif « éthique » qui, employé de manière générique, se prête à désigner des contenus très divers, au point de faire passer sous son couvert des décisions et des choix contraires à la justice et au véritable bien de l’homme ».
Il ne peut se décharger de sa responsabilité en faisant confiance à une certification purement extérieure, mais il lui revient de vérifier qu’un fonds est éthique non seulement sur la forme, mais aussi sur le…fond.
Souvent, on entend dire que le projet d’une finance éthique est déconnecté du réel, comme si la réalité de la finance se partageait en deux domaines : d’un côté, la finance effective, dans laquelle l’éthique ne joue aucun rôle, et, de l’autre, des initiatives ayant recours à des critères extra-financiers, mais qui soit ne sont financièrement pas viables, soit, si elles le sont, le sont au prix de compromis douteux, qui les rendent non-éthiques.
Ce partage est ruineux. Il oublie qu’entre le mal réel et le bien idéal existe le meilleur possible.
Sinon, pour paraphraser Péguy, nous aurons les mains pures, mais nous n’aurons pas de mains.
On parle aujourd’hui couramment de « finance catholique », sur le modèle de l’appellation « finance islamique », laquelle a reçu une reconnaissance officielle en France à partir de 2008. La finance catholique serait alors aux catholiques ce que la finance islamique est aux musulmans.
Il n’est pas spécifiquement catholique de dénoncer, comme le fait le pape François, l’idolâtrie de l’argent et la « dictature de l’économie dépourvue de visage et d’objectif véritablement humain ». Si l’Église catholique s’engage ainsi pour une finance dont l’humain soit le centre, c’est en tant qu’ « experte en humanité », comme le disait le pape Paul VI :
Dans un pays comme la France, très marqué par la culture de la laïcité, il pourrait paraître déplacé que l’Église catholique se prononce sur un sujet aussi profane que celui de la finance. L’Église catholique ne devrait parler que des questions strictement religieuses, et ne pas sortir de son champ de compétence.
Par exemple, quand deux pays sont en guerre, n’est-il pas normal, pour tous, croyants ou non, que le pape appelle à la paix, comme par exemple le pape François l’a fait dans le conflit israélo-palestinien ? De même, quand en 2008 la crise financière s’est déclenchée, l’Église catholique a fait part de son analyse et de ses préconisations, car rien de ce qui est humain ne lui est étranger, et car nombreux sont les catholiques, dans le monde, qui travaillent dans le secteur de la finance.
L’image que les médias occidentaux diffusent du pape François est souvent celle d’un adversaire résolu de la finance, laquelle serait responsable de tous les maux et de toutes les inégalités. Certains ont été jusqu’à parler de lui comme d’un « pape marxiste ». Mais, au-delà des clichés médiatiques, qu’en est-il réellement ?
Comme il l’a dit lui-même dans un entretien accordé au journal italien La Stampa, « il n’y a rien, dans ce que j’ai écrit, qui ne se retrouve pas dans la doctrine sociale de l’Église ».
Comme il l’écrit dans ce même texte : « Le pape aime tout le monde, riches et pauvres, mais il a le devoir, au nom du Christ, de rappeler que les riches doivent aider les pauvres. Je vous exhorte à un retour de l’économie et de la finance à une éthique en faveur de l’être humain ».
L’appellation « doctrine sociale de l’Église » désigne le message de l’Église catholique sur les réalités politiques, sociales, économiques, financières et environnementales. Il s’agit d’un corpus de textes et de réflexions, qui remonte dans son inspiration aux origines du christianisme, mais qui a pris une forme plus organisée à partir du XIXe siècle. On parle de « doctrine », c’est-à-dire d’« enseignement », pour désigner le fait que l’Église catholique, sur les sujets de société, ne prend pas des positions à géométrie variable, mais se prononce d’après des principes fondamentaux (le principe personnaliste, le principe du bien commun, de subsidiarité, etc.) et d’après une pensée cohérente. Cette pensée prend bien sûr sa source dans la foi chrétienne, mais aussi dans la rationalité commune à tous les hommes, quelle que soit leur confession. On peut trouver un résumé de la Doctrine sociale de l’Église dans un texte, le Compendium de la Doctrine sociale de l’Église.
Tout le monde aujourd’hui connaît le sens du mot « écologie » : l’écologie désigne l’ensemble des mesures prises par l’homme pour protéger l’environnement. En revanche, tout le monde ne connaît pas le sens de l’expression « écologie humaine », ou « écologie de l’homme ». Pourtant, le passage de l’écologie à l’écologie humaine est simple :
Car l’homme n’est pas uniquement sujet et acteur de l’écologie, mais aussi objet et destinataire de l’écologie.
Cette extension est logique, car on ne voit pas bien ce qu’aurait de pleinement écologique une attitude qui se soucierait de la préservation des océans, des forêts et des animaux, mais pas celle de l’homme ! En réalité, c’est un tout, et c’est ce que tend à faire comprendre l’expression « écologie humaine » : aujourd’hui, ce n’est pas seulement notre environnement qui est menacé, mais aussi l’homme qui est en le centre.
Assurément, nous vivons dans un monde qui produit plus de diagnostics sur les crises que nous vivons que de solutions concrètes pour les traverser. La crise financière de 2008 ne fait pas exception, qui a donné lieu à une grande abondance de diagnostics. Parmi ceux-ci se trouve celui porté par l’Église catholique. Un de plus, un de trop ? Non pas, car celui de l’Église catholique dénote singulièrement dans le paysage actuel. En effet, la plupart des analystes ont vu dans la crise financière de 2008 une crise « systémique », au sens où ils y ont lu les dysfonctionnements d’un certain type de système financier. Ou alors, ils l’ont décryptée comme une crise de régulation, au sens où la crise s’expliquait pour eux par l’absence de règles du jeu financier.
L’Église catholique a quant à elle discerné, au-delà de ces phénomènes bien réels, une autre source :
Benoît XVI écrivait en 2009 : « Si l’un des éléments clés de la crise est le recul de l’éthique dans les structures économiques, cette même crise nous enseigne que l’éthique n’est pas « externe » à l’économie, mais « interne », et que l’économie ne peut pas fonctionner si elle ne renferme pas une composante éthique ». Quant au pape François, il écrit en 2013 : « La crise financière que nous traversons nous fait oublier qu’elle a à son origine une crise anthropologique profonde : la négation du primat de l’être humain ! ».
C’est une intuition prophétique du Pape Benoît XVI exprimée dans son encyclique « Caritas in veritate » publiée le 29 juin 2009 : « Le grand défi qui se présente à nous, qui ressort des problématiques du développement en cette période de mondialisation et qui est rendu encore plus pressant par la crise économique et financière, est celui de montrer, au niveau de la pensée comme des comportements, que non seulement les principes traditionnels de l’éthique sociale, tels que la transparence, l’honnêteté et la responsabilité ne peuvent être négligés ou sous-évalués, mais aussi que dans les relations marchandes le principe de gratuité et la logique du don, comme expression de la fraternité, peuvent et doivent trouver leur place à l’intérieur de l’activité économique normale. C’est une exigence de l’homme de ce temps, mais aussi une exigence de la raison économique elle-même. C’est une exigence conjointe de la charité et de la vérité » (n°36).
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